Plumorama

Plumorama : Ariel Holzl

 
A quelques jours de la sortie du tome 2 des Sœurs Carmine, Ariel Holzl a accepté de prendre du temps pour répondre à notre interview. Merci à lui et à très bientôt !

 


 

What about a dragon ?

 

Bonjour Ariel Holzl !

 

Vous êtes l’auteur des Sœurs Carmine, aux éditions Mnémos (collection Naos), un roman gothique de casse et de fuite en avant, bourré d’humour et de personnages attachants.

 

Merci donc d’avoir accepté de répondre à nos questions dans le cadre de ce panorama des plumes de l’imaginaire !

 

Première question, je sais qu’elle est fréquemment posée en salon : est-ce que vous vivez de votre plume ?

 

Ariel Holzl

 

Bonjour Nicolas ! Non, je ne vis pas de ma plume. En parallèle de mon activité d’auteur, je travaille dans la communication.

 

WAAD

 

Est-ce que vous l’envisagez ou l’avez envisagé ? Est-ce que vous aimeriez bien ? Parce que j’ai l’impression que la réponse à cette question altère beaucoup le rapport qu’un auteur peut avoir par rapport à ces thématiques.

 

Ariel Holzl

 

N’ayant qu’un roman publié à mon actif (bientôt deux), je n’ai pas encore envisagé la chose de façon réaliste. Même si, comme la plupart des auteurs, j’aimerais pouvoir vivre de mon écriture à terme, cela reste pour moi un doux rêve vu les conditions actuelles du métier. On sait que moins de 50 auteurs vivent de leur plume en France, et seul un best-seller inattendu pourrait me faire entrer dans leurs rangs.

 

WAAD

 

Récemment, on entend beaucoup parler du syndrome de l’imposteur. Pour résumer, il s’agit du sentiment d’illégitimité que peut avoir un artiste vis-à-vis de ses pairs et de son art lui-même. Est-ce que ça vous parle ?

 

Ariel Holzl

 

Je ne suis pas certain de répondre aux critères du « syndrome », mais j’ai souvent une forme de doute vis-à-vis à de mes écrits. C’est plutôt sporadique et par périodes bien précises. Je pense que le doute et la remise en question sont des passages obligés de toute production artistique.

 

WAAD

 

Qu’est-ce que c’est un auteur pour vous ? Et qu’est-ce qu’il faut pour être professionnel ?

 

Ariel Holzl

 

Pour moi, un auteur est une personne qui crée du contenu artistique et culturel original. Pour passer au statut d’auteur « professionnel », j’aime bien paraphraser la définition de « l’écrivain talentueux » de Stephen King dans Ecriture : « Si vous écrivez quelque chose pour quelqu’un, qu’il vous donne un chèque en échange, que le chèque est valable quand vous l’encaissez et que vous payez votre facture d’électricité avec, alors vous êtes un écrivain talentueux. » Je remplacerais juste « talentueux » par « professionnel ».

 

WAAD

 

En ce moment, il y a un vrai mouvement de fond pour une meilleure reconnaissance de l’importance des auteurs dans le milieu du livre (pétition du SELF, développement de la Charte des auteurs jeunesse, etc.), est-ce que vous suivez ces mouvements / vous reconnaissez dans ces revendications / en êtes éloignés ? (par exemple parce que vous ne considérez pas l’écriture comme un revenu)

 

Ariel Holzl

 

À nouveau, être un « jeune auteur » qui n’envisage pas réellement de vivre de sa plume fait que je reste assez éloigné de ces mouvements et revendications. Néanmoins, j’approuve entièrement les initiatives prises dans ce sens et je n’hésiterais pas à y participer si j’en ai l’opportunité.

 

WAAD

 

Est-ce que vous vivez certaines situations comme des injustices en tant qu’auteur ?

 

Ariel Holzl

 

Pour l’instant, je n’ai pas rencontré de situations d’« injustice » à mon égard. J’espère que cela va durer !

 

WAAD

 

Si on s’intéresse maintenant à l’écriture proprement dite, est-ce que vous suivez un processus d’écriture particulier quand vous créez ? Des horaires fixes, une cadence, quelque chose comme ça ?

 

Ariel Holzl

 

Oui, je suis un rythme de travail précis : 1000 mots écrits par jour, au minimum (3-4 pages environ). Si, pour une raison quelconque, je ne peux pas les écrire, je rattrape sur la journée suivante. Au niveau des horaires, c’est moins rigide. J’ai tendance à écrire principalement le soir ou pendant la nuit.

 

WAAD

 

Souvent on parle d’architectes, c’est-à-dire d’auteurs qui planifient leur roman de A à Z avant d’écrire, de jardiniers, qui laissent vivre leurs personnages, ou d’employés polyvalents (OK, celui-là est de moi), comment vous vous positionnez par rapport à cette question de la plus haute importance ?

 

Ariel Holzl

 

Je me classe plutôt comme « employé polyvalent » car j’ai écrit certains de mes romans de façon très planifiée alors que pour d’autres, c’était beaucoup plus dans la spontanéité et l’écriture au fil de la page. Mais dans les deux cas, je préfère « laisser vivre » mes personnages le plus possible une fois que les grandes lignes de l’intrigue sont tracées.

 

WAAD

 

Ce qui est frappant à la lecture des Sœurs Carmine, c’est le soin particulier apporté à l’ambiance de Grisaille. Je connais votre appréciation pour le roman De bons présages, y’a-t-il un peu de cette ville qui ne s’arrête jamais dans votre roman ?

 

Ariel Holzl

 

Oui, il y a même beaucoup de Terry Pratchett et de Neil Gaiman dans la construction de mon univers : De bons présages, Neverwhere, Les Annales du Disque-monde… J’aime à penser que Grisaille est la petite sœur emo/gothique d’Ankh-Morpork (la plus célèbre ville de l’œuvre de Pratchett) ! Le château-monde de Gormenghast (Mervyn Peake), Sin City de Frank Miller et The Nightmare Before Christmas de Tim Burton m’ont également inspiré pour définir cette ambiance particulière.

 

WAAD

 

Vous soumettez vos personnages à des situations très rudes. Vous aimez les péripéties rythmées. Vous voulez du mal à vos lecteurs en fait ?

 

Ariel Holzl

 

Les personnages doivent souffrir, c’est la base de tout récit ! Et les lecteurs aussi ! Plus sérieusement, l’univers de Grisaille est trop sombre pour que les protagonistes s’en sortent sans le moindre bobo. Surtout que je souhaitais écrire ce roman à mi-chemin entre le picaresque et le gothique, deux genres qui ne sont pas tendres avec leurs héros/héroïnes. D’où la narration de ce premier tome, par « tableaux » de péripéties plus ou moins catastrophiques, qui s’enchaînent et maintiennent un suspense relatif, même après la conclusion.

 

WAAD

 

Pour terminer, et avant de vous remercier, avez-vous des choses à ajouter ou dont vous voudriez parler ? Un tome 2 à venir par exemple ?

 

Ariel Holzl

 

« Belle de Gris », le tome 2 des Sœurs Carmines, sort en novembre prochain. Il est consacré à Tristabelle, l’aînée de la famille et une jeune fille pour le moins… particulière. Elle a autant de tact qu’une guillotine, des petits problèmes d’argent et un gros problème d’ego. Mais heureusement, rien qui ne puisse être résolu par le sarcasme ou la violence.

 

Ce tome 2 parodie les romans sentimentaux à la Jane Austen : on y trouve des bals, des salons mondains, des amourettes…et un paquet de morts, é-vi-dem-ment !

 

Quant au tome 3, consacré à Dolorine, la petite dernière, il devrait voir le jour au printemps 2018.

 

Merci à vous en tout cas !

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