Plumorama

Plumorama : Jeanne-A Debats

 

Couverture par Damien Worm

 
Malgré son emploi du temps chargé, Jeanne-A Debats a bien voulu participer au Plumorama. Merci à elle et à très vite !

 


 

What about a dragon ?

 

Bonjour Jeanne-A Debats !

 

Faut-il vous présenter ? Vous êtes romancière, nouvelliste ainsi que, depuis 2016, déléguée artistique du festival Les Utopiales. Nous vous devons La Vieille Anglaise et le continent, aujourd’hui chez Folio SF, pour lequel vous avez reçu de nombreux prix, mais également, pour traiter de votre œuvre plus récente, le cycle Testament qui s’est enrichi il y a quelques jours d’un troisième volet. Vous accueillir dans nos colonnes est un vrai plaisir.

 

Merci d’avoir accepté de prendre le temps de répondre à nos questions dans le cadre de ce panorama des plumes de l’imaginaire !

 

Première question, je sais qu’elle est fréquemment posée en salon : est-ce que vous vivez de votre plume ?

 

Jeanne-A Debats

 

Non, mais c’est un apport non négligeable à mon budget « luxe ».

 

WAAD

 

Avez-vous l’impression que c’est devenu plus dur ces dernières années ? Pour quelles raisons selon vous ?

 

Jeanne-A Debats

 

Pour moi non, puisque j’ai vu au contraire augmenter mes revenus avec la « notoriété ». Mais pour les autres oui, ne serait-ce qu’à cause des diverses ponctions gouvernementales.

 

WAAD

 

Pour autant, est-ce que vous l’envisagez ou l’avez envisagé ? Est-ce que vous aimeriez bien ? Parce que j’ai l’impression que la réponse à cette question altère beaucoup le rapport qu’un auteur peut avoir par rapport à ces thématiques.

 

Jeanne-A Debats

 

Oui et non. J’aimerais simplement plus de temps. J’aime enseigner, j’aime être DA et participer à un autre genre de création, j’aime écrire, je ne renoncerais ni aux uns ni aux autres. mais je prendrai volontiers un mi temps dans l’enseignement, histoire d’équilibrer un peu tout.

 

WAAD

 

Récemment, on entend beaucoup parler du syndrome de l’imposteur. Pour résumer, il s’agit du sentiment d’illégitimité que peut avoir un artiste vis-à-vis de ses pairs et de son art lui-même. Est-ce que ça vous parle ?

 

Jeanne-A Debats

 

Tout le temps. Notamment au moment de faire un discours au Utopiales, ou d’occuper une place en tant qu « érudite de la SF ». Je sais que je sais si peu de choses par rapport à tout ce qu’il y a à savoir et je suis infichue de retenir une date longtemps. Lorsque je dois présenter un auteur ou une oeuvre que j’aime, je dois réviser, alors que certains de mes amis, à commencer par mon compagnon, peuvent vous sortir un cours documenté du chapeau avec toutes les précisions en 30 secondes, mais mon esprit ne fonctionne pas comme ça. Ce qui m’angoisse particulièrement, c’est lorsqu’on me demande quelque chose à propos de la SF, que je n’ai jamais réfléchi consciemment à ce quelque chose, mais que la réponse sort tout de même toute cuite. Je me demande si je pense vraiment ça , ou si mon cerveau a établi une réponde aussitôt en la présentant comme « a priori » alors que c’est un « a posteriori » (et c’est là que se niche l’escroquerie, s’il y a^^). La notion de conscience du savoir m’angoisse^^.

 

En revanche, en tant qu’autrice, s’il m’arrive de me demander si je parviendrais à finir le projet en cours, si je ne n’ai pas « tapé trop haut cette fois », non jamais. Je ne me prends pas pour Voltaire, je ne voulais pas devenir Victor Hugo ou Colette, je suis devenue moi, j’ai du mal à considérer ça comme une potentielle escroquerie 😉

 

WAAD

 

Qu’est-ce que c’est un auteur pour vous ? Et qu’est-ce qu’il faut pour être professionnel ?

 

Jeanne-A Debats

 

Je ne sais pas, j’ai ma propre recette, elle ne fonctionne pas pour tout le monde. Je peux dire qui est un auteur et qui ne l’est pas le nez sur son travail, mais c’est chaque fois différent.

 

WAAD

 

En ce moment, il y a en France, et un peu partout en Europe, un vrai mouvement de fond pour une meilleure reconnaissance de l’importance des auteurs dans le milieu du livre (pétition du SELF, développement de la Charte des auteurs jeunesse, etc.), est-ce que vous suivez ces mouvements / vous reconnaissez dans ces revendications / en êtes éloignés ? Vous avez été présidente du SELF, j’imagine que cela renseigne sur votre engagement ?

 

Jeanne-A Debats

 

Oui, bien sûr, la rémunération des auteurs est une de mes préoccupations, même si mon esprit facilement agacé par les contingences et les impedimenta a eu du mal à s’adapter un à un groupe syndical. Je continue désormais à me battre pour cela mais dans mes autres fonctions.

 

Mon autre combat, tout aussi important, est celui que je mène pour la représentation des femmes, dans la SF, la littérature et dans la vie « normale ».

 

WAAD

 

Est-ce que vous vivez certaines situations comme des injustices en tant qu’autrice ?

 

Jeanne-A Debats

 

Non, à titre personnel, je me considère comme infiniment privilégiée : je publie quand je veux, ce que je veux. ça ne me rapporte pas des masses, mais le but est d’être lue et tout le monde ne peut pas en dire autant.

 

WAAD

 

Si on s’intéresse maintenant à l’écriture proprement dite, est-ce que vous suivez un processus d’écriture particulier quand vous créez ? Des horaires fixes, une cadence, quelque chose comme ça ?

 

Jeanne-A Debats

 

J’essaie d’être régulière et d’écrire tous les matins. Mais la fin d’un roman me prend des journées entières.

 

WAAD

 

Souvent on parle d’architectes, c’est-à-dire d’auteurs qui planifient leur roman de A à Z avant d’écrire, de jardiniers, qui laissent vivre leurs personnages, ou d’employés polyvalents (OK, celui-là est de moi), comment vous vous positionnez par rapport à cette question de la plus haute importance ?

 

Jeanne-A Debats

 

J’écris au fil de la plume avec quelques points clés déjà connus (images simples, phrases, scènes) pendant le parcours

 

WAAD

 

Pour terminer, et avant de vous remercier, avez-vous des choses à ajouter ou dont vous voudriez parler ? Quels sont vos projets du moment ?

 

Jeanne-A Debats

 

Les Utopiales 2018, Un space op et puis nous verrons.

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