Plumorama

Plumorama : Lucie Pierrat-Pajot

 
Salut les dragonautes ! Lors de mes pérégrinations à Nantes, au festival Les Utopiales, j’ai pu réaliser cette interview de l’autrice des Mystères de Larispem dont nous vous avions dit tout le bien que l’on en pensait ! Merci à elle et à très vite.

 


 

What about a dragon ?

 

Bonjour Lucie Pierrat-Pajot !

 

Nous avions chroniqué le premier tome de votre série : Les mystères de Larispem, un roman feuilletonnant à la croisée des univers de Jules Verne et d’Eugène Sue qui nous avait enthousiasmé. Le second tome, toujours aussi (sur)prenant est sorti en mai. Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions !

 

Première question, je sais qu’elle est fréquemment posée en salon : est-ce que vous vivez de votre plume ?

 

Lucie Pierrat-Pajot

 

La réponse est toute simple : non !

 

Je n’ai que deux livres édités, ce qui, à moins qu’il s’agisse de best-sellers internationaux, ne permet pas d’en vivre. Il faut savoir que sur un roman d’environ 16€ pour le tome 1, je touche à peu près 1€20.

 

A côté, je suis donc professeure-documentaliste à temps plein.

 

Avec le temps, et plus de livres à mon actif, j’espère pouvoir combler la différence entre mes activités !

 

WAAD

 

Est-ce que vous l’envisagez ou l’avez envisagé ? Est-ce que vous le souhaiteriez ? Parce que j’ai l’impression que la réponse à cette question altère beaucoup le rapport qu’un auteur peut avoir par rapport à ces thématiques.

 

Lucie Pierrat-Pajot

 

J’aurais beaucoup de mal à abandonner mon travail, que j’aime beaucoup. J’aimerais toutefois y passer moins de temps. Dans un monde idéal, un mi-temps serait parfait.

 

Vivre de l’écriture signifie toutefois que ce que l’on met dans l’assiette est littéralement le fruit de son imagination et que la pression sur l’écriture n’est plus comparable à celle que l’on ressent lorsqu’on peut se permettre d’écrire un roman en trois ans.

 

WAAD

 

Récemment, on entend beaucoup parler du syndrome de l’imposteur. Pour résumer, il s’agit du sentiment d’illégitimité que peut avoir un artiste vis-à-vis de ses pairs et de son art lui-même. Est-ce que ça vous parle ?

 

Lucie Pierrat-Pajot

 

Oui, complètement !

 

Régulièrement je me dis que Gallimard m’a choisi parce qu’il n’y avait personne pour le concours, qu’il fallait bien un vainqueur mais que s’il s’était agi d’une autre maison d’édition il y aurait sans doute eu de bien meilleurs auteurs, etc.

 

Dans des périodes de déprime, on a le sentiment que ce que l’on écrit est horrible et que le reste du monde ne s’en rend pas compte pour des raisons inconnues.

 

WAAD

 

Qu’est-ce que c’est un auteur pour vous ? Et qu’est-ce qu’il faut pour être professionnel ?

 

Lucie Pierrat-Pajot

 

Difficile à dire…

 

En tant qu’autrice, je me vois comme un artisan. Je fabrique les choses que j’aime. J’aime les vêtements donc je couds, j’aime les histoires donc j’écris.

 

Le faire à un niveau professionnel, à un niveau où on est édité, c’est peut-être simplement avoir une plus forte exigence, tout comme il est différent de produire une poterie pour soi et une poterie destinée à la vente.

 

WAAD

 

En ce moment, il y a en France un vrai mouvement de fond pour une meilleure reconnaissance de l’importance des auteurs dans le milieu du livre (pétition du SELF, développement de la Charte des auteurs jeunesse, etc.), est-ce que vous êtes concernée par ces mouvements / vous reconnaissez dans ces revendications / en êtes éloignés ? (par exemple parce que vous ne considérez pas l’écriture comme un revenu)

 

Lucie Pierrat-Pajot

 

L’âme militante ne fait pas du tout partie de ma personnalité, mais en voyant la difficulté de gagner de l’argent sur ses livres et de se trouver une place dans le secteur jeunesse, je comprends que les auteurs aient besoin de plus de reconnaissance, a fortiori financière.

 

L’auteur est à l’origine du livre et ne gagne presque rien. Le mouvement me paraît donc parfaitement justifié.

 

WAAD

 

Est-ce que vous vivez certaines situations comme des injustices en tant qu’autrice ?

 

Lucie Pierrat-Pajot

 

J’aurais tendance à répondre non.

 

Cela ne fait pas si longtemps que je suis publiée, et je suis clairement dans l’extase de faire partie de ce monde-là. Je croise en salon des auteurs que j’ai lu et que je connais depuis très longtemps sous leur forme de papier. Je ne vois pas de côté négatif.

 

C’est peut-être mon côté Bisounours, c’est aussi possible ?

 

WAAD

 

Si on s’intéresse maintenant à l’écriture proprement dite, est-ce que vous suivez un processus d’écriture particulier quand vous créez ? Des horaires fixes, une cadence, quelque chose comme ça ?

 

Lucie Pierrat-Pajot

 

J’utilise la méthode des petits pas : j’avance un peu mais régulièrement.

 

J’écris surtout le soir par contraintes familialo-professionnelles. Écrire dans le train est un bon plan également : pas de chat à nourrir ou d’enfant qui vous court dans les pattes.

 

WAAD

 

Souvent on parle d’architectes, c’est-à-dire d’auteurs qui planifient leur roman de A à Z avant d’écrire, de jardiniers, qui laissent vivre leurs personnages, ou d’employés polyvalents (OK, celui-là est de moi), comment vous vous positionnez par rapport à cette question de la plus haute importance ?

 

Lucie Pierrat-Pajot

 

Complètement jardinier ! Et pas un jardin à la française, un jardin bordélique où tout pousse n’importe comment et où on tache d’éclaircir et de dégager une cohérence.

 

Pour m’améliorer, il faudrait que je parvienne à mieux structurer mes romans. Ça tient du miracle si des éléments réguliers donnent le sentiment que mes romans sont fluides et bien construits.

 

WAAD

 

Pourtant les mystères de Larispem fourmillent d’intrigues parallèles, comment faites-vous ?

 

Lucie Pierrat-Pajot

 

Je ne sais pas !

 

En fait, j’ai une idée très globale de la trame, avec des jalons que je veux poser et des points fixes. Les idées viennent ensuite les unes des autres. Si un personnage se comporte d’une certaine manière, certaines conséquences sont plus logiques que d’autres.

 

J’aime aussi beaucoup réutiliser des éléments posés plus tôt. Cela donne l’impression qu’ils avaient été laissés là à dessein alors que ce n’est pas toujours le cas ! Il m’est arrivé de tomber dans mes propres pièges.

 

WAAD

 

Pour terminer, et avant de vous remercier, avez-vous des choses à ajouter ou dont vous voudriez parler ? Quels sont vos prochains projets ?

 

Lucie Pierrat-Pajot

 

Je suis toujours dans l’écriture du tome 3 de Larispem et j’ai hâte de le terminer ! J’aime l’univers que j’ai construit, mais j’aime pouvoir aussi expérimenter d’autres choses. Il y a tellement de mondes à explorer !

 

Laisser un commentaire