Plumorama

Plumorama : Cindy Van Wilder

 
Salut les dragonautes !
 
Première autrice de ce plumorama, Cindy Van Wilder nous parle de l’acte de création, d’hybridation de l’écriture et de son dernier roman La Lune est à Nous.
 
Merci à elle et à très vite !

 


 

What about a dragon ?

 

Bonjour Cindy Van Wilder !

 

Vous êtes l’autrice de plusieurs romans à succès : notamment, Memorex et la saga des Outrepasseurs, aux éditions Gulf Stream, ainsi que, tout récemment, La lune est à nous, aux éditions Scrineo.

 

Merci donc d’avoir accepté de répondre à nos questions dans le cadre de ce panorama des plumes de l’imaginaire !

 

Première question, je sais qu’elle est fréquemment posée en salon : est-ce que vous vivez de votre plume ?

 

Cindy Van Wilder

 

Hello et merci de cette interview !

 

Non, je ne vis pas de ma plume, tout simplement parce qu’entre choisir entre avoir un job à temps plein à côté et pouvoir payer mes factures ou avoir tout mon temps libre mais crever la dalle, le choix est vite fait !

 

WAAD

 

Est-ce que vous l’envisagez ou l’avez envisagé ? Est-ce que vous aimeriez bien ? Parce que j’ai l’impression que la réponse à cette question altère beaucoup le rapport qu’un auteur peut avoir par rapport à ces thématiques.

 

Cindy Van Wilder

 

Ça a certainement une grande influence, en effet. Disons que le choix est un peu plus compliqué que ma réponse à la première question, même si elle résume bien le dilemme dans les grandes lignes. D’un côté, la sécurité financière, la liberté artistique également (ou tout au moins une plus grande partie), mais en contrepartie une grande organisation (ce qui ne me vient pas naturellement d’ailleurs !) – comment concilier vie pro, vie privée et écriture en même temps – d’un autre côté, en franchissant le pas de vivre de l’écriture, d’autres impératifs se dessinent : financiers naturellement, mais aussi créatif – est-ce que j’aurai toujours la même liberté de création ou est-ce que je serai « obligée » d’entreprendre des projets qui ne me correspondront pas vraiment ?

 

C’est difficile d’y apporter une réponse claire. En l’état actuel, je ne franchirai pas le pas, c’est clair. Peut-être plus tard.

 

WAAD

 

Récemment, on entend beaucoup parler du syndrome de l’imposteur. Pour résumer, il s’agit du sentiment d’illégitimité que peut avoir un artiste vis-à-vis de ses pairs et de son art lui-même. Est-ce que ça vous parle.

 

Cindy Van Wilder

 

En partie, oui. Je comprends qu’on puisse avoir ce sentiment, de se sentir illégitime vis-à-vis de ses créations comme des autres créateurs. Je pense que c’est aussi dû à une certaine philosophie francophone, qui veut encore que le créateur, quel que soit son domaine, ait reçu de manière mystérieuse l’inspiration nécessaire pour son œuvre. La réalité est toute autre, bien entendu, mais on a encore du mal à mettre en valeur ce travail et de se sentir légitime par rapport à celui-ci.

 

De se dire, oui, je suis créateur/créatrice, j’ai bossé dur pour en arriver là et je suis fier-e de ma création.

 

WAAD

 

Qu’est-ce que c’est un auteur pour vous ? Et qu’est-ce qu’il faut pour être professionnel ?

 

Cindy Van Wilder

 
J’y réponds en partie à la question ci-dessus : un auteur/une autrice, c’est un créateur/une créatrice. Si on exclut toutes les autres facettes qui entourent le métier d’auteur et qui viennent de pair avec la publication – comptable, juriste, négociateur et j’en passe – à la base, c’est le pouvoir de création. C’est l’auteur/l’autrice qui donne la première impulsion, celle qui nourrit toute la chaîne qui vient ensuite (un point que l’on a tendance à oublier, d’ailleurs).
 
Quant au fait d’être pro… Ne le sommes-nous pas tou-te-s du moment que l’on se dévoue corps et âme, j’ai envie de dire, à un projet ? Perso, je n’ai jamais fait la distinction entre pro/amateur 
 

WAAD

 

En ce moment, il y a en France, et un peu partout en Europe, un vrai mouvement de fond pour une meilleure reconnaissance de l’importance des auteurs dans le milieu du livre (pétition du SELF, développement de la Charte des auteurs jeunesse, etc.), est-ce que vous suivez ces mouvements / vous reconnaissez dans ces revendications / en êtes éloignés ?

 

Cindy Van Wilder

 

Bien sûr que je les suis, que ce soit à travers la société d’auteurs/autrices à laquelle je suis affiliée comme via les autres mouvements. Et c’est une revendication plus que nécessaire dans le contexte actuel. Comme dit ci-dessus, l’auteur/l’autrice est à la base de tout, et pourtant, c’est lui/elle qui touche une des parts les plus réduites.

 

Ajoutons à cela également le fait que souvent, on ne peut pas compter, comme dans d’autres pays, sur d’autres sources de revenu, ne serait-ce par exemple que les droits étrangers. Ce qui va de soi – ou du moins ce qui représente une source habituelle de revenus – pour des auteurs/autrices anglophones est un quasi miracle quand ça se produit pour les auteurs/autrices francophones.

 

Pourquoi cette différence, alors qu’on ne cesse partout de louer la création et l’imagination francophone ?

 

Et ce n’est là qu’un aspect…

 

WAAD

 

Est-ce que vous vivez certaines situations comme des injustices en tant qu’auteur ?

 

Cindy Van Wilder

 

Je parlerai plutôt de frustration. Je parlais à la question précédente des droits étrangers, mais ça s’inscrit dans un processus global où les auteurs & autrices francophones font souvent figure de Petit Poucet. Alors qu’honnêtement, nous avons autant de potentiel créatif que d’autres auteurs & autrices d’autres nationalités. Pourquoi n’aurions-nous pas droit aux mêmes possibilités ? J’ai l’impression que cette création, ce potentiel francophone, que l’on admire et que l’on loue souvent en interview, disparaît ou cède la place à d’autres dès qu’il s’agit de l’exporter au-delà des frontières.

 

Ceci dit, je constate que depuis quelque temps, des personnes & des organismes s’engagent pour justement le faire reconnaître, que ce soit nationalement ou internationalement, et c’est un mouvement plus que bienvenu.

 

Perso, j’ai fait le choix de collaborer avec une agente littéraire, qui travaille également en tant que responsable de droits étrangers, et s’il est encore trop tôt pour tirer un bilan global, c’est une collaboration qui m’apporte déjà beaucoup, humainement parlant.

 

WAAD

 

Si on s’intéresse maintenant à l’écriture proprement dite, est-ce que vous suivez un processus d’écriture particulier quand vous créez ? Des horaires fixes, une cadence, quelque chose comme ça ?

 

Cindy Van Wilder

 

Bordélique est mon maître-mot en la matière ! Vu ma vie pro, j’écris quand j’ai un moment de libre (soirées, week-end, etc), donc je ne respecte pas de cadence particulière, ni d’horaires en particulier.

 

WAAD

 

Souvent on parle d’architectes, c’est-à-dire d’auteurs qui planifient leur roman de A à Z avant d’écrire, de jardiniers, qui laissent vivre leurs personnages, ou d’employés polyvalents (OK, celui-là est de moi), comment vous vous positionnez par rapport à cette question de la plus haute importance ?

 

Cindy Van Wilder

 

Je dirais que je suis une hybride (mot fort à la mode, d’ailleurs ^^) dans ce domaine. Je remarque aussi que j’évolue, de jardinière complète à planificatrice dans les grandes lignes. Autant je peux me lancer dans un roman en n’ayant qu’une idée très imprécise de la fin ou de l’évolution des évènements – vive les surprises que peut procurer l’écriture – autant pour d’autres projets, j’ai tendance à davantage planifier. Le principal, c’est de ne pas me sentir contrainte 

 

WAAD

 

Votre dernier roman, La lune est à nous, traite de thèmes très forts sous un angle réaliste, ce qui est nouveau pour vos lecteurs assidus. Comment s’est passée l’écriture de ce roman très différent de vos précédentes œuvres ?

 

Cindy Van Wilder

 

Il est clair que LLEAN (de son petit nom) est différent des Outrepasseurs ou de Memorex. Roman réaliste, roman qui traite également de thèmes sensibles comme l’apparence (puisque mes persos principaux sont tous les deux gros) et les minorités. C’est un projet qui me tenait extrêmement à cœur, qui s’est imposé d’emblée, surtout par le biais de ses personnages principaux, Max et Olivia, qui m’ont parlé dès la première ligne. C’est un roman où j’ai mis beaucoup de personnel, de vécu mais aussi où je me suis nourrie de différentes expériences que la mienne, grâce aux réseaux sociaux ou aux témoignages IRL.

Pas toujours facile comme processus d’ailleurs, il y a eu énormément d’émotions différentes au cours de la rédaction de LLEAN, mais au final, j’ai réussi à mes yeux ce que je voulais en faire, à savoir un roman feel-good, qui donne le sourire et je pense qu’on en a sacrément besoin à présent !

 

WAAD

 

Pour terminer, et avant de vous remercier, avez-vous des choses à ajouter ou dont vous voudriez parler ? Vous avez un projet commun avec Agnès Marot je crois ?

 

Cindy Van Wilder

 

Oh que vous êtes bien informés !  Projet commun en effet, sur lequel nous nous amusons beaucoup ! C’était un défi de plus que de le mettre en place et comme j’adore les challenges, ça tombait bien ! On s’est lancées tête la première et je dois dire qu’on ne le regrette pas 

 

Pour les autres projets, c’est encore un peu tôt pour en parler (malheureusement)… Demandez-le moi à nouveau d’ici quelques semaines/mois !

 

Merci à vous en tout cas !

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