Plumorama

Plumorama : Damien Snyers

 
Parce qu’on ne s’arrête jamais et qu’un jour sans Plumorama n’est pas un bon jour (#EgoSurdimensionné), on vous propose de découvrir aujourd’hui l’interview de Damien Snyers !
 
Merci à lui et à très vite !

 


 

What about a dragon ?

 Bonjour Damien Snyers !
 
Vous êtes l’auteur de La Stratégie des as, aux éditions ActuSF, un roman de casse à vapeur où elfes, trolls et humains cohabitent pour le pire et le meilleur mais surtout pour le pire.
 
Merci donc d’avoir accepté de répondre à nos questions dans le cadre de ce panorama des plumes de l’imaginaire !
 
Première question, je sais qu’elle est fréquemment posée en salon : est-ce que vous vivez de votre plume ?
 

Damien Snyers

 
Malheureusement pas. Un jour peut-être, j’espère. Ça reste un de mes buts, mais en attendant, j’utilise mon métier actuel comme source d’inspiration dans les univers que je développe.
 

WAAD

 Est-ce que vous l’envisagez ou l’avez envisagé ? Est-ce que vous aimeriez bien ? Parce que j’ai l’impression que la réponse à cette question altère beaucoup le rapport qu’un auteur peut avoir par rapport à ces thématiques.
 

Damien Snyers

 
Je sais que c’est parfois tabou, et que beaucoup d’auteurs préfèrent ne pas y penser, mais oui. Si un jour j’ai l’occasion d’en vivre, je n’hésiterai pas une seconde. C’est un rêve qui traîne dans ma tête depuis une douzaine d’années. Ça n’arrivera peut-être jamais, il y a finalement très peu d’auteurs qui vivent de leur plume en francophonie, mais je n’ai pas envie de fermer la porte sans essayer.
 

WAAD

 Récemment, on entend beaucoup parler du syndrome de l’imposteur. Pour résumer, il s’agit du sentiment d’illégitimité que peut avoir un artiste vis-à-vis de ses pairs et de son art lui-même. Est-ce que ça vous parle ?
 

Damien Snyers

 
Oui et non. Je connais le principe, j’en suis atteint pour d’autres activités, mais pas (ou plus) pour l’écriture.
 
En écriture, personne n’est légitime et tout le monde l’est. Pour La Stratégie des as, j’ai eu des critiques disant que c’était un très bon livre, qui a d’ailleurs été nommé pour plusieurs prix, alors que certains y trouvaient une nouvelle définition du mot « mauvais ».
 
Je ne me compare évidemment pas à eux, mais des écrivains hyper reconnus comme Stephen King ou GRR Martin sont régulièrement la cible de critiques qui n’y voient que des imposteurs.
 
C’est ça qui est assez marrant en écriture ; on peut vendre une tonne de bouquins et être considéré comme un imposteur juste parce qu’on ne correspond pas à ce qu’attend le lecteur.
 
Du coup, je ne me pose plus vraiment la question de la légitimité.
 

WAAD

 Qu’est-ce que c’est un auteur pour vous ? Et qu’est-ce qu’il faut pour être professionnel ?
 

Damien Snyers

 
Un auteur, c’est quelqu’un qui écrit. Pour moi, il ne faut donc pas être un professionnel pour être auteur. Ni même être lu. Mais pour le coup, je ne connais pas vraiment les nuances entre auteur et écrivain, donc je ne pense pas que ma conception soit vraiment pertinente.
 

WAAD

 En ce moment, il y a un vrai mouvement de fond pour une meilleure reconnaissance de l’importance des auteurs dans le milieu du livre (pétition du SELF, développement de la Charte des auteurs jeunesse, etc.), est-ce que vous suivez ces mouvements / vous reconnaissez dans ces revendications / en êtes éloignés ? (par exemple parce que vous ne considérez pas l’écriture comme un revenu)
 

Damien Snyers

 
Je les suis de loin. Je ne vis pas de l’écriture, donc je peux encore me payer le luxe de ne pas prendre part au débat. Il faudra que je le fasse, un jour. Il y a des questions super intéressantes dans tous ces mouvements, et c’est compliqué d’y voir clair. Entre ceux qui pensent que l’imaginaire doit rester dans des rayons bien différents du reste en librairie et ceux qui pensent qu’il n’y a pas de raison de différencier… D’un côté, on crée une communauté plus fidèle, plus forte, de l’autre on élargit le public… Je ne sais pas.
 

WAAD

 Est-ce que vous vivez certaines situations comme des injustices en tant qu’auteur ?
 

Damien Snyers

 
Pas vraiment. Je me dis parfois que c’est dommage que les auteurs soient les seuls à ne pas vivre de leurs bouquins, alors que leurs livres font vivre l’éditeur, l’imprimeur, le libraire, le diffuseur… Mais il ne faut pas oublier que derrière, tout ce petit monde est souvent payé au smic, et ils ont aussi souvent un autre boulot à côté. Et que si je passais autant de temps qu’eux dans les livres, je pourrais en écrire cinq ou six par an.
 
La seule solution que je vois pour les auteurs, c’est un revenu universel, qui permettrait de pouvoir écrire toute la journée sans se préoccuper des ventes. Mais je me rends bien compte que c’est un débat très complexe.
 

WAAD

 Si on s’intéresse maintenant à l’écriture proprement dite, est-ce que vous suivez un processus d’écriture particulier quand vous créez ? Des horaires fixes, une cadence, quelque chose comme ça ?
 

Damien Snyers

 
Généralement, j’écris le matin, dans le train en partant au travail. Vu que j’ai une heure de train, c’est une heure par jour que je passe à écrire. Tant que j’ai de la musique dans les oreilles, je peux écrire n’importe où, peu importe ce qui se passe autour de moi. J’utilise un vieux pc portable avec lequel je ne peux rien utiliser d’autre qu’un traitement de texte et mon lecteur de musique, donc c’est parfait quand on veut s’obliger à écrire.
 

WAAD

 Souvent on parle d’architectes, c’est-à-dire d’auteurs qui planifient leur roman de A à Z avant d’écrire, de jardiniers, qui laissent vivre leurs personnages, ou d’employés polyvalents (OK, celui-là est de moi), comment vous vous positionnez par rapport à cette question de la plus haute importance ?
 

Damien Snyers

 
Pour La Stratégie des as, j’ai commencé le roman sans savoir où j’allais. En revanche, pour le suivant, j’avais besoin de construire davantage l’intrigue avant de commencer, pour éviter des incohérences avec le troisième et le quatrième. Mais dans tous les cas, j’aime garder une part de surprise en écrivant. Si je prévois trop, je ne m’amuse plus.
 

WAAD

 La musique joue un rôle important dans votre roman, et les références y sont légion. Est-ce  qu’elle vous aide à rythmer le récit lorsque vous écrivez ?
 

Damien Snyers

 
Oui, elle est très importante pour moi. J’écoute beaucoup de musiques calmes quand j’écris (j’ai une playlist avec des albums d’Agnès Obel, les bandes originales des jeux The Witcher, Oblivion, de films comme Mr Nobody ou du classique). Mais ça peut changer en fonction de ce que j’écris. Si le passage que j’écris est dans une atmosphère particulière, je peux écouter le même morceau une dizaine de fois pour rester dans la bonne ambiance. Ça peut aussi bien être du black metal pour une scène de bataille que du neofolk pour un passage bucolique/nostalgique.
 

WAAD

 Pour terminer, et avant de vous remercier, avez-vous des choses à ajouter ou dont vous voudriez parler ? Un nouveau roman dans la ville de Nowy-Krakow par exemple ?
 

Damien Snyers

 
Exactement ! Je suis en train de terminer les corrections du prochain roman, qui se passe dans la même ville, mais qui a comme héros un personnage très différent de James. Dès que les corrections sont terminées, je l’envoie chez ActuSF, en espérant que ce nouveau tome leur plaira autant que le premier.
 
J’ai aussi une nouvelle qui sortira dans le recueil « Cthulhu est vivant (et vous êtes mort) » aux Editions de l’Instant.

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